Le projet C4R vise à favoriser des sociétés européennes résilientes et inclusives en développant des pratiques culturelles participatives de résilience et en assurant la transversalité sociale.
Face à l'urgence écologique et étant responsables de 70% des émissions de GES, les villes doivent réduire drastiquement leurs émissions de carbone tout en préparant les territoires aux défis futurs (canicules, sécheresses agricoles, inondations). Les conséquences environnementales à venir risquent d'accroître les inégalités, de fragiliser la cohésion sociale et de renforcer la ségrégation écologique : riches/pauvres, Nord/Sud, centre/périphérie. C'est pourquoi nous devons accroître la résilience de tous les territoires européens, leur capacité à s'adapter aux chocs puis à se relever. La culture apparaît comme un outil structurant pour asseoir un développement économique et social durable. Le projet C4R s'inscrit dans ce cadre de recherche et propose de développer une approche holistique de la relience en utilisant les pratiques culturelles immersives comme porte d'entrée pour développer des pratiques de résilience écologique, sociale et économique et promouvoir le renforcement des capacités, l'apprentissage et l'éducation dans les territoires périphériques. Depuis plusieurs années, les trois membres du consortium C4R (un collectif d'architecture interdisciplinaire à Paris, un institut d'art à Utrecht agissant pour le changement social et un réseau de centres d'art à Iasi et Bucarest) se sont spécialisés dans la mise en œuvre de processus participatifs et transversaux d'immersion créative et de croisement entre culture et écologie. Ces 3 structures témoignent du manque de connaissances sur les pratiques culturelles résilientes, de la marginalisation des populations des quartiers en dehors des centres culturels traditionnels, de la sur-visibilité d'une culture catastrophiste combinée à un phénomène de repli identitaire. Tous ces facteurs freinent aujourd'hui l'émergence de sociétés européennes résilientes et inclusives.
Le projet C4R vise à favoriser l'émergence de sociétés européennes résilientes et inclusives en développant des pratiques culturelles participatives de résilience et en assurant la transversalité sociale.
En d'autres termes, le projet vise à (1) expérimenter avec des publics de territoires périphériques un certain nombre de dynamiques ascendantes (2) autour d'outils créatifs immersifs visant à réinventer et diffuser des pratiques culturelles de résilience (3) avec l'implication active des populations des quartiers défavorisés. Nous cherchons à utiliser la culture pour renforcer les pratiques de résilience de ces populations et leur appropriation de nouveaux outils pour des sociétés résilientes durables. (1) Pour ce faire, le projet cherche d'abord à promouvoir la diversité européenne des pratiques culturelles résilientes tout en renforçant l'inclusion sociale au sein des territoires urbains et périurbains défavorisés. Sur la base de l'expérience des partenaires dans la gestion de projets alliant culture et écologie dans des zones périphériques, comme le quartier des Mathurins à Bagneux, le quartier des Agnettes à Gennevilliers (FR), les quartiers Sararie et Tatarasi à Iasi (RO) ou le quartier Leidsche Rijn à Utrecht (NL), il s'agit de poursuivre le développement d'activités alliant création, préservation et sensibilisation au patrimoine culturel et naturel et renforcement des capacités civiques et démocratiques des habitants. L'objectif est de contribuer à l'autonomisation des populations impliquées dans le projet en leur permettant de s'approprier des outils culturels de résilience. Les activités culturelles orientées vers la résilience créeront des opportunités de dialogue entre l'échelle de ces territoires urbains et périurbains défavorisés et l'échelle européenne, échelle la plus pertinente pour développer une action culturelle écologique à long terme. Ces nouvelles pratiques culturelles placeront le public dans une position proactive dans le processus de création et de diffusion, contribuant à son autonomisation en lui permettant d'acquérir de nouvelles compétences et capacités (compétences créatives, compétences numériques, aptitudes à travailler en équipe et avec des personnes d'horizons divers, compétences en matière d'animation d'ateliers, etc.) Le projet permettra à un large éventail de publics dans tous les secteurs d'adopter le concept de résilience et offrira des possibilités de formation aux membres du consortium pour soutenir ce processus. Le projet sensibilisera ces publics aux questions de résilience en cours tout en renforçant la cohésion sociale et le bien-être.
(2) Deuxièmement, le projet vise à utiliser la culture comme un outil pour atteindre un développement économique et social résilient et durable dans les territoires périphériques. Au niveau opérationnel, le projet cherche à renforcer les capacités des membres du consortium et d'autres acteurs culturels existants et l'émergence de nouveaux acteurs créatifs engagés dans des pratiques culturelles liées à la résilience et à l'écologie. Il soutiendra les professionnels de la création, existants et émergents, et augmentera la fréquence des activités culturelles résilientes organisées dans les territoires périphériques (rassemblements et herbiers collectifs, promenades sensibles, pratiques agricoles alternatives telles que la permaculture et l'agroécologie, le compostage, les méthodes de cuisine créatives et collectives, etc.) Ce renforcement des dynamiques culturelles, déjà promues par les membres du consortium ces dernières années, améliorera la visibilité de ces pratiques à tous les niveaux (local, national, européen), contribuant à renforcer les réseaux d'acteurs culturels et de résilience au niveau des territoires impliqués (PME, associations, opérateurs publics et privés dans le domaine de la résilience et de la culture). (3) Enfin, le projet cherche à introduire dans l'imaginaire collectif européen des visions culturelles de la résilience plus co-construites, positives et durables. L'objectif est de montrer une diversité de possibilités et d'approches d'un futur écologique, en promouvant d'autres perspectives que celles des grandes métropoles et des visions catastrophiques qui dominent actuellement les scénarios du futur.
C4R offre les conditions pour la production et la diffusion d'une diversité de cultures de résilience pour contrebalancer la surmédiatisation des productions catastrophistes et pour influencer et transformer les imaginaires collectifs européens. Pendant le C4R, les réseaux d'acteurs développeront une culture de la résilience translocale au sein de l'UE, par la création d'espaces de dialogue et de collaboration physiques et numériques.
Les partenaires du C4R développent actuellement des projets culturels dans des territoires périphériques situés dans des régions européennes très diverses (Paris, Utrecht, Bucarest et Iasi) et ont déjà expérimenté des stratégies de segmentation des publics ainsi que le développement d'outils pour référencer la diversité des publics cibles (cartographie relationnelle, activités d'apprentissage avec les enfants, jardinage, groupes de lecture, internet bio). Ainsi, les groupes cibles sont les femmes seules (et leurs enfants), les chômeurs, les retraités, les personnes en reconversion professionnelle, les personnes handicapées, les minorités religieuses et culturelles, les jeunes professionnels de l'art et les étudiants. Travaillant sur le " Droit à la résilience " et l'avènement de la ville inclusive, AAA développe depuis 2008 la stratégie R-Urban en mettant en place des équipements civiques (fermes urbaines et pédagogiques, espaces de réutilisation et de recyclage, etc.) pour favoriser le développement de circuits courts écologiques, économiques, sociaux et culturels à l'échelle du quartier. De même, le CASCO Art Institute cogère des fermes dans le quartier de Leidsche Rijn. Le site accueille régulièrement des activités culturelles résilientes (exposition de cultures, transformation de l'espace par des interventions architecturales, activités artistiques et éducatives autour de la nature, de la biodiversité, de l'alimentation durable). Ces lieux offrent l'opportunité de repenser collectivement les moyens de construire des échanges plus horizontaux et collaboratifs, essentiels à la construction d'une citoyenneté démocratique active. Au-delà de l'inclusion spatiale et de la justice culturelle, la ville inclusive doit intégrer les usagers dans les processus de gestion créative. C4R propose de développer des outils numériques accessibles au plus grand nombre, afin de réduire la fracture numérique actuelle, notamment entre les générations et les milieux sociaux. Par exemple, le projet pourrait proposer le déploiement de réseaux sans fil bricolés à petite échelle comprenant des services personnalisés auto-hébergés comme NextCloud, Etherpad, attachés à des lieux géographiques spécifiques, une sorte d'Internet organique). Ces installations et outils sont gérés selon les principes des biens communs (une ressource partagée cogérée par une communauté de bénéficiaires). Ainsi, les actions C4R visent à doter les citoyens de nouvelles capacités créatives indispensables pour participer à la vie démocratique et relever les défis futurs (pratiques de soins, partage des connaissances, services et équipements, coopération et travail en équipe) tout en renforçant la cohésion sociale et le bien-être au sein des territoires. En créant de la cohésion sociale, la culture contribue à sortir les individus marginalisés de leur isolement. Le projet C4R s'inscrit dans un champ culturel défini par de nombreuses activités intersectorielles. En parallèle, le développement des circuits écologiques, culturels et économiques locaux et les réseaux d'acteurs locaux renforcent la résilience au sein des territoires tout en établissant une compétitivité européenne durable. La culture est un point d'entrée pour renforcer la résilience de ces territoires, contrebalançant ainsi la ségrégation et l'individualisation excessives des sociétés actuelles.
Notre stratégie de mise en œuvre est basée sur les principes de gouvernance innovants suivants : des pratiques culturelles immersives qui placent le public au centre du processus, une participation active et collaborative et la mise en œuvre de nouvelles pratiques d'apprentissage basées sur le peer-to-peer et "l'apprentissage par la pratique". En mettant en place différents types d'activités qui soutiennent l'implication active de différentes catégories sociales, professionnelles et culturelles de citoyens dans l'échange de connaissances (WP 2+3), C4R suit de manière innovante la politique de l'UE qui encourage " la promotion des arts, de la culture et de la pensée créative dans l'éducation et la formation formelles et non formelles à tous les niveaux et dans l'apprentissage tout au long de la vie ". Sur la base des principes de gouvernance communs, nous avons identifié certaines priorités stratégiques clés telles que le travail avec le public dans différents territoires pour créer un laboratoire de pratiques culturelles résilientes et la conduite d'ateliers participatifs pour l'identification, les inventaires et la cartographie afin de développer une vision des territoires qui provient de ceux qui y vivent ainsi qu'une diffusion par le biais d'une plateforme hybride et des activités de soutien garantissant la possibilité de réplication dans d'autres territoires européens.
Le développement de ces nouvelles cultures de résilience garantira l'accès d'un grand nombre et d'une grande diversité de populations à des connaissances essentielles.